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Faut qu'on parle !

Dernière mise à jour : 1 août 2021

S’il y a bien une phrase qui crée du stress, c’est bien celle-là : « Faut qu’on parle ! »

Une expression usuelle de lancement à une conversation dont l’impact présage une réaction négative.

A peine formulée, vous êtes sur vos gardes. Les oreilles dressées, l’œil vif, les cils contractés. Vous avez le sentiment que ça va mal se passer pour vous et vous vous préparez à faire face à une armada de mots qui va s’abattre sur votre visage. Avant même que vous en connaissiez la raison, quand bien même vous vous en doutiez, il y a de fortes chances que la suite aboutisse à une dispute que vous devrez subir et supporter.

On pénètre donc dans le cœur même de ce qu’on appelle la communication.

Le fait de se parler ne signifie pas forcément que l’on communique, pour la simple raison qu’un dialogue ne débouche pas forcément sur la complicité. Par exemple, entre « Passe moi le pain », ou « Comment s’est passée ta journée », il est clair que la communication n’a pas du tout le même sens. Mais on peut très bien s’exprimer sans forcément parler. Dans le monde des signes, on peut instaurer un dialogue sans paroles et créer une complicité uniquement avec des gestes. Un exemple ? Le duo Bérénice Béjo et Jean Dujardn dans la désormais célèbre comédie romantique « The Artist » représente un exemple concret.

Quand on emploie l’expression « Faut qu’on parle », il faut donc s’attendre à un dialogue coriace, cinglant, qui exige des explications spontanées, claires et convaincantes. Mais on peut s’attendre aussi à un dialogue plus souple et authentique où le vocabulaire utilisé sera posé, pour ne pas blesser. Le talent de la communication réside dans le choix des mots et le ton employé. Il faut savoir qu’une personne qui se braque dès le début d’une conversation a peu de chances de demeurer attentive au reste des explications, même si elles sont pertinentes. Il est donc préférable d’éviter de brusquer l’échange et malheureusement il y a fort à parier qu’en prononçant l’expression « Faut qu’on parle » qu’on ne puisse éviter, dès le début, de froisser son interlocuteur. Les plus malins évitent d’employer un ton accusatoire pour défendre leurs arguments et maîtrisent suffisamment leur agacement afin d’adapter au mieux leur comportement. C’est de cette façon qu’on réunit toutes les chances d’obtenir un échange de dialogue constructif.

« Faut qu’on parle » peut entériner une conversation avant même qu’elle ait eu lieu ! L’un peut avoir l’impression de ne pas être entendu alors que l’autre aura le sentiment de se faire agresser. L’idéal serait donc de bannir cette expression pour éviter que la discussion ne tourne court, ou pire qu’elle dégénère ; il faut donc savoir y mettre la forme, ne pas élever la voix, et garder son calme. Peut-être que « Il serait bien que je m’entretienne avec toi », ou « peux-tu m’accorder un instant seul à seul », représentent des expressions moins directes et plus judicieuses qui dédramatisent une discussion qui s’annonce.

Permettez moi donc de préférer l’expression « J’ai quelque chose à éclaircir avec toi » plutôt que « Faut qu’on parle » afin d’éviter les conflits et tous les désagréments qui vont avec ! N’oublions pas que la communication est essentielle pour obtenir des échanges intelligents, sans oublier que la forme et le fond sont importants pour parvenir à vos fins !

Cela vous évitera, en constatant dans votre frigo que votre colloque a bouffé votre gâteau préféré, de clamer à haute voix dans l’appart : « Eh mec, faut qu’on parle ! »

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